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SENTEURS D'ANTAN AVEC MARIE GIFFO

Dernière mise à jour : 23 mars 2022


Marie Giffo, arrière petite-fille du créateur nantais Alexis Biette, tient aujourd’hui la parfumerie du même nom, située à Saint-Aignan de Grand Lieu (44). Une institution pour cette entreprise datant de la fin du XIXème siècle. Créée en 1882 par Alexis Biette, l’entreprise a d’abord commercialisé des bougies, avant de se développer et se diversifier dans la conception de savon pour le linge, et parvenir enfin, en 2020, parfumeur. Marie Giffo et Marielle Ravily, co-dirigent ensemble aujourd’hui la Maison Alexis Biette, rebaptisée, AB 1882. L’arrière petite-fille du fondateur revient pour nous sur son histoire familiale, personnelle et professionnelle.


Écrin de parfum naturel et rechargeable, AB 1882 ©

Marie Giffo, vous dirigez l’entreprise familiale, que vous avez reprise en 2020. Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?

A 42 ans, j’ai eu plusieurs parcours dans ma vie professionnelle. J’ai commencé dans l’événementiel culturel, pour ensuite intégrer l’événementiel culturel associatif et me reconvertir enfin dans le secteur du parfum de luxe, qui m’intéressait tout particulièrement.


Pouvez-vous nous conter votre enfance ?

J’ai grandi entre deux familles très différentes, une champenoise par maman et une nantaise par papa, qui avaient en commun l’amour des très belles choses et authentiques. A titre d’exemple, en Champagne, on buvait du Champagne, mais on en buvait à l’apéritif, très facilement. Donc, quand je parle de l’amour des belles choses ce sont celles du quotidien. Pour le côté nantais, c’était une famille beaucoup plus bourgeoise, des grandes maisons dans le centre-ville de Nantes. Une enfance avec l’amour de la culture. Maman était vraiment une passionnée d’art, d’histoire de l’art, de musique, papa jouait du piano, j’ai d’ailleurs des enregistrements c’est très émouvant. J’ai aussi évolué dans cet univers bohème très propice à la créativité. Mes parents m’ont toujours laissés très libre d’imaginer, de dessiner, de chanter, de danser, de marcher pieds nus chez moi.

Alexis Biette est une histoire de famille. Vous ou vos enfants pensez-vous déjà à la relève ?

Oui, j’ai beaucoup d’enfants (rires) donc sur le lot, il y en a effectivement qui s’y intéressent. Certains sont scientifiques et s’intéressent au secteur d’un point de vue chimique et moléculaire. J’ai également deux filles qui apprécient la partie design et marketing du produit. Enfin, ma petite, de 10 ans, est douée pour décrire les parfums. Elle a un nez qui lui permet de distinguer les différentes senteurs des fragrances.


Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous avez voulu rester dans la région nantaise ?

Par amour (rires), par amour pour mon mari déjà, lui qui est Nantais et par amour de cette région, par amour de mon histoire familiale paternelle. Et puis, j’ai lu que la région des Pays de la Loire est la région où l’on était le plus heureux alors ce serait dommage de la quitter.


Pour le moment, vous êtes encore une petite équipe, avec le lancement des parfums solides j’imagine que c’est beaucoup de travail, comment vous trouvez le temps de tout gérer ?

C’est très simplement de l’organisation et de la communication. Je vous encourage à travailler vos plannings. Dans la vie j’ai toujours travaillé comme ça alors même si c’est super d’avoir un côté bohème, créatif, pour moi on ne s’exprime que dans un cadre car le cadre facilite les choses. Sur un projet comme celui-ci c’est la même chose. C’est évidemment chronophage mais si chacun est à sa tâche et garde le temps qui lui est imparti pour la réaliser, ça se passe bien. Après, dans une petite équipe comme la nôtre, il faut être très attentif les uns aux autres, être vigilants aux petits signes de fatigue, savoir prendre la relève et savoir dire lorsqu’on est fatigué.


Marielle Ravily et Marie Giffo aux corner AB 1882 des Galeries Lafayette, Nantes ©

Vous nous parlez de journées planifiées, est ce que vous pouvez nous indiquer une journée type ?

Une journée type commence par une réunion d’équipe à 9h, et le lundi nous nous retrouvons systématiquement pour un faire un point sur la semaine à venir. Après, j’ai les rendez-vous téléphoniques que j’essaye de caler plutôt le matin et l’après-midi le travail, donc pour moi la partie communication marketing. Marielle va faire la partie moins rigolote mais très importante, les finances, comptabilité, gestion des stocks et développement des produits. A 12h30, il est l’heure d’aller déjeuner et de s’accorder une pause. Un moment propice à la discussion pour notre équipe.


Pour le lancement de vos produits solides, vous avez fait appel à des étudiants, pourquoi ce choix ?

C’est une très bonne question, c’est un choix très personnel car j’ai eu la chance, quand j’étais étudiante de croiser des gens qui ont cru en moi et j’ai envie de dire aux jeunes « je crois en toi ». C’est quelque chose d’essentiel quand on démarre dans la vie.


Vous parlez des personnes qui vous ont faites confiance durant vos études, est ce que vous avez des mentors ou des personnes qui vous inspirent ?

Le premier regard de confiance qu’on a posé sur moi c’est tout d’abord celui de mes parents. C’est bateau mais ce sont vos premiers mentors en fait. Après c’est lors des petits boulots. Par exemple, j’étais guide sur le Maillet Braisé à Nantes. Ce n’était pas du tout mon univers, il fallait que je sorte un texte en français et en anglais mais pour autant, les premiers mots de celui qui m’a embauché, ont été « Mais tu vas y arriver, parce que tu sais bien parler ». Donc on se construit comme ça, petit à petit. Et puis après, c’était mon travail car, j’ai écrit pour un poste de responsable du service culturel en Vendée, je n’avais aucune expérience mise à part des petits jobs étudiants en tant que guide. Pour ce poste, j’ai passé trois entretiens et au troisième, ils m’ont dit : « On croit en vous, on vous laisse faire ». Les gens m’ont appris à déconstruire les barrières que l’on se met tout seul.


Avec votre marque, vous vous êtes orienté vers le luxe, mais quelle est votre vision du secteur ?

Je pense que le luxe c’est d’abord la beauté. Le luxe doit créer une émotion. Chacun a sa définition. Pour certains, c’est le temps, pour d’autres, c’est l’espace. Pour moi, c’est vraiment la beauté, je vois bien que pour nos parfums, quand on les regarde ou qu’on les respire, il naît quelque chose. Ça ne veut pas dire que le luxe est inaccessible contrairement à ce que pense beaucoup de gens, on peut trouver du luxe dans beaucoup de choses quotidiennes. C’est d’ailleurs ce qu’on a voulu retranscrire chez AB 1882, proposer des parfums ou des savons, qui soient des objets du quotidiens, qui soient beaux, qu’on ait plaisir à prendre dans la main, plaisir à regarder, plaisir à sentir.


Qu’est-ce qui vous a motiver à lancer votre entreprise ?

J’ai envie de dire la passion pour le patrimoine, l’histoire familiale et l’envie de proposer des beaux objets.


Quels conseils donneriez-vous à des personnes qui veulent monter leur entreprise ?

Il faut oser ! C’est pour ça qu’il faut donner confiance à des jeunes. Tout est question de prise de risque. C’est un peu contradictoire car, il y a une envie d’aller vers le risque et en même temps, une volonté de tout bien verrouiller. Et donc, le jeune, on a l’impression qu’il représente un risque pour l’entreprise. Alors que, dès le démarrage, quand on n’a pas confiance, on n’ose pas. Mais, pour avoir cette confiance il faut un regard de l’autre qui vous dit « Vas-y ». En fait, il faut oser, rester humble et savoir se dire que ce n’est pas grave si on se trompe. L’essentiel c’est de se relever.


Quelles personnalités nantaises devrions nous interviewer selon vous ?

Nantes est très riche mais je pense que Vincent Guerlais pourrait être intéressant. Vous avez également Raphaël Griffon, le joaillier. Stéphane Picard, un sourceur. C’est trois hommes qui ont l’habitude de proposer à des jeunes de travailler dans leurs ateliers donc ça peut être pertinent et ils proposent des très belles choses faites à Nantes. Je pense qu’on est dans le luxe. Pour la mode, il y a une jeune femme qui s’appelle Julie Laurent qui s’occupe des Echappées Belle, elle créée des vêtements mode avec des tissus issus des stocks des grandes marques. Et il y a aussi Marie-Isabelle Dussart, de la marque Marigance, qui fait des sacs à main.


Merci Marie Giffo de nous avoir accordé du temps et de nous avoir partagé vos expériences


Retrouvez l’interview en vidéo grâce au QR code suivant :








•Lou Anne Métivier



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